A proximité des migrants, la plage
Depuis plusieurs semaines, la frontière franco-italienne connaît au voisinage de Vintimille et de Menton un afflux sans précédent de migrants.
Des hommes, des femmes, des enfants, pour la plupart d’origine érythréenne ou soudanaise, échouent par centaines à la gare de Vintimille, en provenance de Rome ou de Milan. Certains, arrivés plus tôt, refoulés par la police française dans leur tentative de passer la frontière, sont récupérés par les carabinieri. C’est au poste frontière de Menton Garavan, situé juste après la plage bondée de touristes qui jouxte le port du même nom, que l’on découvre le triste spectacle d’hommes, femmes et enfants installés sous des tentes de fortune. Ces campements précaires se trouvent par dizaines le long de cette courte bande de littoral. Ils ont été érigés sur des blocs de rochers en contrebas de la digue protectrice.
L’été méditerranéen connaît peu d’épisodes dépressionnaires. Pourtant, un simple coup de mer, comme il peut néanmoins en arriver, balayerait sans ménagement l’ensemble des installations et leurs occupants. Par ailleurs, en pleine période de canicule, le mercure affiche un bon 35 degrés, qui dépasse allègrement la barre des 40 sous les tentes. Malgré l’aide apportée par la Croix-Rouge italienne et quelques bénévoles associatifs, aucun dispositif sanitaire digne de ce nom n’a pu être mis en place.
L’atmosphère du lieu a ainsi radicalement changé : elle est surréaliste. A quelques encablures de scènes balnéaires banales et quotidiennes, la plus grande misère humaine côtoie la Riviera et sa torpeur estivale. L’Europe est désormais en face de ses responsabilités : elle ne pourra demeurer plus longtemps muette, sourde et aveugle.